+125 (Samedi 7 Novembre 2020)
C’est après une nuit bien pourrie que nous nous levons.
Alors que nous avions réussi à trouver l’apaisement depuis le début du voyage, nous voici dans une nouvelle tourmente émotionnelle.
« Décision est prise, on raccroche la remorque au Def et on la descend jusque la plage. »
Comme ça au moins, pendant que les enfants travaillent à la maison, les parents peuvent profiter des lieux en ayant un confort sur place.
Sans tarder, nous nous mettons à la tâche et effectuons le transfert de la remorque.
Moins d’une minute en voiture plus tard, nous sommes sur place et qui voyons-nous dans notre champs de vision ???…… la famille espagnole qui devait prendre la route vers la TURQUIE.
Poussés par leurs deux fils, les parents ont décidé de rebrousser chemin afin de rejoindre ELAIA.
Par contre, par manque de panneaux solaires, ces derniers n’ont aucune source énergétique qui leur permet de tenir sur le long terme et il ne leur faudra qu’à peine deux jours pour vider leur batterie auxiliaire.
Mais comme chaque problème vient avec sa valise de solution, nous leur proposons de mettre leurs victuailles dans le frigo de la remorque (lequel est alimenté par le panneau solaire).
Tout le monde à l’air bien installé et est en pleine effervescence pour se préparer un nid douillet pour les longues semaines à venir.
« C’est chouette à voir !! »
Du moins, ça s’est avant de se faire traiter de « capitaliste » par une française qui n’a rien compris à notre choix.
« CAPITALISTE » !!!!!!!
C’en est trop pour Nicolas qui pour la seconde fois dans sa vie se fait traiter de la sorte.
Alors qu’il avait dû (afin de ne pas créer une tension familiale) se retenir la première fois, il est hors de question pour lui de ne pas exprimer ses propos à l’égard de cette femme qui sans retenue le traite de la sorte.
Et c’est ainsi que, dans un français très clair, très sec et très affirmé, Nicolas lui déblatère « SA » vérité des choses et sans justification aucune, lui fait comprendre nos obligations parentales.
« Il est clair qu’il est mille fois plus facile de voyager à deux adultes qu’à 5 personnes ! Mais on est une famille et on
l’assume !!! »
Heureusement, il est temps pour nous de quitter tout ce petit monde pour aller rencontrer une famille française qui s’est donné le nom de
« Tout en camion ».
A bord de leur camion MAN 6 couchages, cette famille a effectué avec quasi exactitude le même tour d’Europe que nous mais avec quelques semaines de retard.
« A chaque fois, via messages privés, ils nous demandaient de ralentir afin de nous retrouver mais les conditions climatiques nous poussaient à avancer et ce n’est qu’ici qu’après 4 mois de voyage, nous nous rencontrons pour la première fois. »
« Tout en camion » est une famille de 4 composée de Stef (maman), Claude (papa), Olivia (aînée de 17 ans) et Alice (12 ans).
Leurs filles ont donc quasi le même âge des filles et comme Olivia va passer son Bac en fin d’année, elle partage le même engouement que Laure pour l’étude.
C’est assez comique car eux aussi, lors de leur périple norvégien, ont connu les « Géonautes » et ont passé quelques longues soirées avec Corina, Thomas, Diane et le petit chien « Tofu ».
Après plus de deux heures passées à relater nos expériences respectives, il est temps pour nous de prendre congé afin de récupérer Gabriel resté auprès des autres familles et de réintégrer la maison pour y souper.
Etant distant de plus de 10 minutes à pied, notre chemin retour nous permet de voir que le campement est calme, très calme, voir étrangement calme car malgré la pénombre, il n’est qu’à peine 18.30 heures et à la quasi-unanimité, tout le monde a déjà réintégré l’intérieur de son véhicule.
« Bah oui, c’est vrai que nous aurions été les seuls couillons à l’extérieur ! »
« Mais ça, elle ne l’a pas envisagé avant de cracher son venin ! »
« Au lieu de voir ce que les gens possèdent, ne serait-il pas intéressant de voir comment ils ont fait pour l’obtenir ? »
« N’est-ce pas seulement alors qu’un jugement peut être posé ? »
« Quel manque de tolérance ! »
J +126 (Dimanche 8 Novembre 2020)
Vraiment déçu de la veille et du comportement de certains, Nicolas décide de rester à la maison en compagnie des filles pendant que Delphine, accompagnée de Gabriel, descend jusque la plage.
C’est dans le calme et loin de ces propos que la matinée se déroule.
Heureusement la météo clémente (21°C et soleil permanent) permet une étude à l’extérieur et de profiter de la beauté des oliviers qui nous entourent.
Une fois l’étude achevée, Emma se met en tête de rejoindre sa maman et son frère en passant par les champs qui nous séparent d’eux.
« Aucun problème ! Emmène juste avec toi ton Gsm pour prévenir Maman que tu arrives. », lui recommande Nicolas.
Et voilà Emma partie sur les recommandations de son père.
A peine quelques dizaines de mètres parcourus, cachée par le branchage des oliviers, Emma disparait du champs de vision de Nicolas resté sur la terrasse.
« Papa !, Papa !, Au secours ! Papa ! » transperce le silence des lieux.
« Mais que se passe t’il donc ? » se demande Nicolas.
En une fraction de seconde, ce dernier saute le muret qui le sépare du champs d’où proviennent les cris et où il a vu sa fille pour la dernière fois.
N’ayant naturellement pas eu le temps d’enfiler une chaussure adaptée à sa course, voici qu’il en perd une sandale. Malgré les cailloux qui jalonnent le sol, ce dernier ne ressent aucune douleur car sa seule préoccupation est de rejoindre sa fille et de lui porter secours.
Après une course effrénée de 50 mètres, le voici face à deux grands chiens ressemblant très forts à des « Mâtins espagnols ».
Pour ceux qui ne s’y connaissent pas, ce ne sont d’autres que ces gros chiens qui servent à protéger les moutons de toute agression extérieure.
Ceux-ci s’avancent vers Nicolas et le séparent donc d’Emma occupée à revenir sur ses pas.
Au vu de la situation, Nicolas comprend vite qu’Emma vient soit de se faire agresser et peut être mordre par ces deux chiens mais il est dans la totale incapacité de la rejoindre.
Heureusement, une personne en toge beige fait son apparition de derrière un arbre et d’un cris, fait écarter les chiens.
Il va de soit que cette personne, en qualité de maître des deux bestiaux, ne s’attarde pas sur les lieux et disparait avant même de rendre son visage visible.
Dans un sens, c’est trop tard et de toute façon, ce n’est pas ici qu’on attend des compensations financières ou qu’on fait valoir nos assurances « protection civile ».
Le plus important maintenant est de constater l’état des blessures infligées et de dédramatiser au plus vite avant que cette histoire ne soit le prémisse d’une longue phobie.
Tant bien que mal et ce en boitant, Emma rejoint Nicolas et une fois en sécurité dans la propriété, tous deux constatent que la blessure n’est qu’heureusement « minime » car « seuls » deux crocs sont rentrés dans la peau du mollet droit.
A première vue, l’un des orifices à l’air plus sérieux que l’autre car de la chair voire de la graisse en ressort.
Il n’y a d’autre choix que de nettoyer les plaies le plus rapidement possible et pour pouvoir ce faire, direction la douche, un gant de toilette et du savon.
Après une bonne friction « revigorante », Emma toute tremblante commence à se sentir mal jusqu’à nous faire une petite baisse de tension.
« Vite, vite, allonge toi au sol ! », lui recommande Laure tout en lui maintenant les jambes vers le haut.
Alors qu’Emma récupère des couleurs et se sent mieux, voilà qu’à son tour, Laure prend la décision de s’allonger aux côtés de sa sœur et prend la même posture.
Bah oui, cette « andouille » a trop regardé les plaies et la voilà maintenant avec le cœur tout retourné.
« Bien qu’un peu tendu par la situation, nous nous offrons tous un gros moment de fou rire ».
Avant de poser quel acte que ce soit, Delphine préfère s’en assurer auprès de Sophie (« notre Médecin traitant mais avant tout un membre de la famille sur qui nous pouvons compter et en qui nous avons totale confiance »).
« C’est bon ! »
Rassurée sur le modus operandi et les soins à prodiguer, Delphine envoie Nicolas et Laure à la recherche d’ISOBETADINE.
Confinement et dimanche obligent, la chose ne parait pas simple surtout qu’un contact avec Lie abonde en ce sens.
Ah, oui, nous n’avons pas encore expliqué qu’en parallèle d’Emma, sa fille Nomy a fait une chute de 2 mètres de haut et il se peut qu’elle se soit cassé le poignet !!
Raison pour laquelle, il est actuellement dans un hôpital de la région pour y faire ausculter sa fille.
Bref, Lie nous dit qu’il est passé devant quatre pharmacies et qu’elles étaient toutes fermées.
Décision est vite prise car si lui a pris à droite, Nicolas prend à gauche en direction de ZACHARO.
Accompagné de Laure, le choix s’avère payant, car dès la deuxième pharmacie, ils parviennent à acheter tous les produits listés par Delphine.
De retour à la maison, à force de compresses imbibées d’ISOBETADINE, Delphine nettoie les deux plaies et donne les antibiotiques indispensables pour éviter toute aggravation.
Pour sa part, Lie nous apprend que sur les conseils du médecin rencontré, il doit se rendre à PATRAS (à plus de deux heures de route) et y rencontrer un orthopédiste.
Après une longue route, il se voit entendre qu’heureusement l’os n’est « que » fissuré et qu’il n’y a pas de déplacement.
A première vue, une attelle solidement maintenue en place par un bandage suffira.
La journée n’a pas manqué d’émotion et a filé à toute vitesse à tel point que quand tout se calme, il est l’heure de la vidéo avec Grand-Papa et Nanou.
« Quelle vie de chien ! »
J +127 (Lundi 9 Novembre 2020)
Une nouvelle semaine commence mais elle n’a pas le même goût que les précédentes…
Tout le monde trouve ses repères dans la maison et les enfants ne tardent pas à prendre le chemin de l’école à domicile.
Début d’après-midi, la famille se dirige vers la plage mais se scinde en deux : Nicolas reste auprès des autres voyageurs et plus particulièrement de Lie tandis que Delphine et le reste de la tribu vont retrouver « Tout en camion » .
Après plus de deux heures passées à leurs côtés, il est temps pour nous de nous réunifier et de retourner auprès des familles qui partagent notre quotidien depuis déjà plus d’une grosse semaine maintenant.
C’est malheureusement comme cela que se déroule une journée de confinement.
Nous attendons que la journée se passe et patientons sagement le moment où on nous annonce qu’on peut se remettre en route.
« Quelle patience ! »
J +128 (Mardi 10 Novembre 2020)
8h30 tapante, short enfilé, baskets chaussées, Nicolas, Delphine et Laure quittent la maison sur la pointe des pieds afin de s’adonner à un peu de course à pied.
S’agissant d’une reprise, il est hors de question pour eux de forcer la cadence au risque de s’époumoner et de s’en dégouter.
Raison pour laquelle, dans un premier temps, ils choisissent de fouler la route macadamisée qui longe la plage pour ensuite bifurquer vers celle-ci et rejoindre les autres campeurs.
Au fil des minutes qui s’égrènent, le « village » se réveille lentement et les odeurs de café, de pancakes viennent nous titiller les narines.
« Mais pour l’instant, l’heure est à l’exercice physique et il nous faut encore patienter avant de passer à table… »
« Courage maman, on y est presque ! C’est bien, tu vas y
arriver ! »
Et oui, pas facile de s’y remettre après 5 mois d’arrêt ! Alors, c’est décidé, nous profiterons de ce confinement pour retravailler l’endurance, le cardio, la musculation au rythme d’un programme établi par notre coach familial « Laure » : 50 abdos par ici, 100 pompes par-là, … Elle nous fait souffrir notre aînée mais une fois la séance terminée, nous nous félicitons d’avoir éliminé toutes ces mauvaises toxines accumulées !
La matinée ayant passé à une vitesse folle, uniquement en présence de Gaby, nous voici de retour sur la plage. Disposant du wifi dans le logement, les filles en profitent largement pour se remettre en ordre dans leurs cours et dans la rédaction de devoirs ou de contrôles.
La situation est toute différente pour notre dernier qui, à chaque venue sur la plage, affiche un large sourire.
Cet endroit est synonyme de grande plaine de jeux où il y retrouve les copains-copines de son âge, s’adonne aux jeux de société, aux ballades en vélo, à la construction de cabanes,…
D’un œil plus adulte, à chaque venue, nous remarquons que la vie dans ce village de voyageurs trouve son organisation.
Pour exemple, un espace cuisine disposant d’un évier et d’un espace sdb avec douche ont été entièrement réalisés à partir de matériaux de récupération.
De plus, chaque famille s’est appropriée les lieux en se concoctant un petit espace personnel dans lequel elles y ont installés des « bibelots », du mobilier de cuisine confectionné en planches de palettes,….
Même si nous n’y logeons pas, à notre manière, nous tentons d’améliorer le quotidien de certains en prêtant notre frigo, un hamac, une table de pic-nic ou encore une lampe de table.
« Quelle entraide ! »
J +129 (Mercredi 11 Novembre 2020)
Ayant de multiples questions relatives au mode de voyage en camion, nous profitons de la présence de « Tout en camion » pour tenter de nous aider à y répondre et passons toute l’après-midi en leur compagnie pendant que nos enfants respectifs jouent ensemble.
En effet, nous adorons vivre non-stop à l’extérieur mais nous nous rendons compte que ce n’est pas tous les jours faciles car nous devons composer avec la météo et en Europe, elle n’est pas toujours clémente…
Inutile de vous rappeler qu’au départ, notre équipement et notre itinéraire ont été pensé pour un périple en Amérique du Sud et non en Europe.
« Alors nous nous sommes adaptés mais pourquoi pas un jour s’orienter vers ce type de véhicule ? »
J +130 (Jeudi 12 Novembre 2020)
« Maman, il est 9h ! Vous venez courir ? » chuchote Laure à l’entrée de la chambre parentale.
« Oui, je t’accompagne mais je laisse papa dormir encore un
peu » lui répond Delphine.
Comme de fait, la nuit n’a pas été de tout repos suite à la venue de Gabriel vers les 2 ou trois heures du matin.
Ce petit bout, une énième fois victime de sa croissance trop rapide, se plaint des vives douleurs ressenties à l’arrière de son genou droit.
Heureusement pour lui, la pharmacienne du « Card’Or » sort en urgence le tube d’arnica qui en plus de son bien fait naturel apporte un effet placebo inespéré.
A tel point qu’à peine imprégné, Gaby parvient à se rendormir entre ses parents, pour leur part bien réveillés.
Mais ce n’est que partie remise car une paire d’heures plus tard, une nouvelle crise se fait ressentir.
Malheureusement, celle-ci est plus intense que la première et met donc plus de temps avant que tout le monde puisse retomber dans les bras de Morphée.
Dur, dur de se mettre en route pour le jogging ce matin mais le défi est relevé par Delphine qui, pour ne rien lâcher, est soutenue du début à la fin par son aînée.
De retour à la maison, le reste de la troupe est réveillé hormis notre bambin qui récupère de sa nuit chaotique.
Cette journée est consacrée à la préparation d’un repas « 100% belge » car ce soir, nous recevons la Lie Family !
Et oui, depuis que nous sommes dans du dur, nous ne partageons plus nos repas avec les autres voyageurs et cela nous manque.
Les filles décident donc de se transformer en chef cuistot avec l’aide de Nomy et envoient les parents réaliser quelques courses pour compléter leur menu.
Elles obligent même Nicolas, Delphine et Gabriel à passer le reste de la journée sur la plage pour leur concocter une super soirée.
Avant de partir en exil pendant quelques heures, afin d’éviter tout risque de brûlures en leur absence, les parents mettent la main à la pâte et s’adonnent à la cuisson de la purée et de la compote.
L’après-midi (16h30) touchant à son terme, il est temps pour Delphine et Nicolas de regagner la maison. Mais alors qu’ils sont en chemin, ils reçoivent un sms de Laure les invitant à ne pas se présenter avant
18h15 !!!
« Trop tard ! Hors de question de faire demi-tour ! »
Et c’est ainsi qu’afin de ne pas mettre en péril ou de gâcher tous les préparatifs mis en place par les filles, les parents s’installent en terrasse et profitent de leur temps libre pour siroter un premier apéritif.
Tous les convives présents, le restaurant « Les Nel » ouvre, enfin, ses portes et nous propose des amuse-bouche maison, de la sangria et de la « Duvel » à déguster tout en regardant le coucher de soleil.
En guise de repas, c’est poulet rôti (ou boudin blanc)-compote-purée.
« Un vrai régal et encore plus pour les enfants qui n’avaient plus mangé de compote depuis longtemps ! »
Afin de terminer en apothéose, nous dégustons une succulente mousse au chocolat qu’Emma nous a concoctée en un coup de fouet
« visseuse ».
« Au vu de son engouement et de sa volonté de bien faire, il n’est pas étonnant, qu’elle veuille se lancer dans un métier de
bouche. »
La soirée se termine sur une note de vodka (« et non d’ouzo même si nous sommes Grèce ») entre discussions et fous rires !!!
« Quel plaisir ! »
J +131 (Vendredi 13 Novembre 2020)
« Cette fois, c’est Delphine qui capitule et qui préfère profiter encore un peu de son lit. »
C’est donc seuls que Laure et Nicolas descendent en courant jusqu’à la plage. Il est hors de question de trainer en chemin car il est 8.55 heures et à 09.00 heures pile débute le cours de yoga dispensé, par Elie, sur la plage.
Nicolas, non adepte de la discipline, préfère s’adonner à la course à pied.
Profitant d’être seul, il pousse ses limites en allant jusqu’au bout de la plage.
Exercice achevé, il reprend ses esprits et son souffle autour d’un bon café concocté par Yves (voyageur espagnol).
Laure n’ayant pas encore achevé son cours, Nicolas prend congé des habitants de la « Plage » et réintègre la maison pour y déjeuner en famille.
Une fois attablé, Nicolas se rend compte qu’il a oublié de reprendre le pain chez Lie et tente de remédier à la situation en téléphonant à sa fille aînée.
C’est lors de cet entretien téléphonique, qu’une fois de plus, une de ses filles s’est faite agressée par des chiens errants mais heureusement, pour cette fois, il n’y a pas de morsures mais bien des aboiements et des comportements agressifs qui ont laissé Laure en traumatisme.
Remise de ses émotions et en sécurité à la maison, Laure rejoint Emma dans son activité favorite : « L’école ».
Une fois de plus, rien de bien intéressant dans ces dernières heures de confinement, pas de nouveaux paysages à contempler, pas d’activités à planifier, pas de route à tracer,….
Bref….
« Quelle monotonie ! »
J +132 (Samedi 14 Novembre 2020)
« Que dire, que dire, que dire,… hormis qu’une fois de plus nous nous sommes adonnés à la course dès le lever, que nous avons déjeuner en famille et que les filles ont passé leur temps à
étudier ? »
Si la situation continue en l’état, il ne nous restera plus qu’à indiquer « Bis » pour les prochains jours.
J +133 (Dimanche 15 Novembre 2020)
« Bon anniversaire Papa, bon anniversaire mon cœur !!! » s’exclament les enfants et Delphine pour fêter l’année supplémentaire de Nicolas.
La journée est ponctuée de messages et d’appels de la famille mais le moral n’y est pas.
Difficile d’être festif dans une situation de confinement et avec le sentiment étrange que le voyage nous échappe…mais les amis voyageurs ne sont pas loin et débarquent par surprise fin d’après-midi avec les chips et l’apéro.
Il ne faut pas attendre trop longtemps pour que l’ambiance morose laisse place à une chouette soirée tous ensemble clôturée par un repas improvisé par les filles avec la « Lie family ».
Et comme un anniversaire ne peut se passer d’un gâteau, Emma et Nomy ont dégainé les ustensiles et ingrédients nécessaires à la réalisation de muffins au chocolat !
« Quel régal !!! »
J +134 à +155 (du Lundi 16 Novembre 2020 au Samedi 05 Décembre 2020)
« Hello tout le monde ! »
Comme un lapin qui sort de son terrier après une longue période d’hiver, nous sortons de notre confinement et reprenons la plume pour relater la majeure partie de cette période peu agréable à nos yeux.
« Par où commencer ? »
« Et si nous commencions par le début ? »
Souvenez-vous du 3 novembre et de l’annonce du confinement qui nous est faite par Yohan et Annarella.
Rappelez-vous des longues recherches sur les sites qui nous ont permis de trouver une habitation proche d’ELAIA Beach.
N’oubliez pas notre arrivée au sein des lieux et la prise de possession de la maison.
Jusque-là, pas de problème car nous avions réussi à faire face à cet imprévu et étions fières d’avoir pu trouver un repli confortable afin d’accueillir au mieux les enfants qui (gardons le à l’esprit) doivent poursuivre leurs études.
Mais une fois installés et posés comme des coqs en pâte entre nos quatre murs, il ne nous a pas fallu longtemps pour ressentir « l’ennui » nous envahir l’esprit.
Bien sûr, ce dernier ne voyage que rarement seul et cette fois, il avait fait choix de se faire accompagner par « l’anxiété » et « la tristesse ».
« A vrai dire, lui seul nous suffisait déjà mais bon, on ne choisit pas toujours ! »
Tous trois combinés, c’est à vitesse grand « V » que nous nous sommes retrouvés sur les genoux et avons réalisé qu’il en était fini de nous et du voyage.
Nous qui rêvions de grands espaces, de liberté, du « Monde » tout simplement,…
Nous qui pensions en cachette prendre la route de la Tunisie, longer la côte algérienne pour rentrer au Maroc et montrer aux enfants un petit bout d’Afrique.
« Et bien non ! » il n’en sera rien car c’est : « STOP, STOP, STOP ! »
« Ce n’est que pour 3 semaines ! », nous direz-vous.
Ca s’est sur papier car nous comprenons très vite que le confinement va être beaucoup plus long que cela mais qu’il n’est pas politiquement correct d’annoncer une date trop lointaine et ce afin de ne pas effrayer la population et de lui donner le temps d’assimiler cette mesure.
De plus, là nous ne parlons que du confinement à lui seul mais non de toutes les mesures qui vont découler de ce nouveau pic.
C’est-à-dire : la fermeture des frontières terrestres, les tests PCR à répétition, les lieux emblématiques bouclés, les éventuels contrôles policiers,…
Bref, nous passons par une multitude de questions qui ne doivent pas être très éloignées de celles des occupants des 250 véhicules stationnés le long de la plage.
A force de nous promener quotidiennement et de nous adonner à la course à pieds sur la plage, nous remarquons vite que certaines communautés se forment sur base de critères parfois bien différents tels que : le type de véhicule, la nationalité, le mode de vie choisi, la tranche d’âge des enfants, la tranche d’âge des voyageurs eux-mêmes,… et il n’est pas rare de voir certains véhicules passer d’une communauté à une autre au fil des jours.
De plus, comme l’être humain ne changera jamais où qu’il soit et quel que soit son mode de vie, il ne faut pas attendre de longue période pour le voir se battre.
« Parait-il que l’une de ces bagarres se serait achevée aux couteaux ! »
Que voulez-vous, imaginez un seul instant plus de 400 personnes rêvant de liberté, de voyage, d’itinérance,… confinées dans un même endroit !
Le lieu a beau être spacieux, l’Homme a besoin de se sentir proche de l’autre pour mieux se disputer dans les jours qui suivent leur installation.
La situation dégénère tellement qu’elle en devient préoccupante pour les autorités locales qui n’ont d’autres choix de ponctuer leurs patrouilles par des opérations « coup de poing ».
Celles-ci consistent à se saisir du civilement responsable du véhicule dont les groupes excédent 6 personnes et qui ne sont pas porteuses du masque.
C’est ainsi qu’une femme de nationalité suisse se voit conduire au poste de police et recevoir une amende assez salée de 300 euros.
La nouvelle ayant circulé comme une trainée de poudre qu’elle a eu pour effet de créer une première vague de panique emportant avec elles quelques dizaines de voyageurs.
En effet, ces derniers n’ont pas attendu la suite pour quitter les lieux.
« Vers où ? », pensez-vous.
Pour être honnête, nous n’en savons rien mais nous pensons que certains ont fait choix de trouver un lieu où la police est moins omniprésente, que d’autres ont repris avec certitude le chemin de la maison tandis qu’un pourcentage non quantifiable s’est remis en route et poursuit son périple comme si de rien n’était.
Mais comme toujours, l’Homme s’habitue à la peur et reprend vite ses mauvaises habitudes (« Il suffit de regarder comment les populations du monde entier ont pris peur lors du premier confinement et comment elles se sont comportées à l’issue de celui-ci ! Pour l’instant, certains vont même jusqu’à élaborer la théorie du complot pour justifier leurs comportements inciviques ») à tel point qu’une fois de plus, les tensions deviennent tellement importantes que la police se voit une nouvelle fois dans l’obligation d’augmenter ses mesures et prend la décision d’embarquer avec elle toutes les personnes qui ont leur table et leurs chaises de camping à l’extérieur de leur véhicule.
« Là c’est du lourd ! » car cela ne concerne plus que les personnes inciviques mais bien tout le monde installé au sein des lieux.
Cette mesure a un effet tellement anxiogène qu’au bout de quelques jours, la plage se vide de plus de 50 % de ses occupants tandis que le reste se voit obligé de vivre caché.
Et c’est comme cela que du jour au lendemain, tous les véhicules se sont retrouvés stationnés parallèle à la plage, porte tournée vers la mer et ce afin de mieux cacher le mobilier !
« Et pour les derniers résistants ? »
Des coupures d’eau (non volontaires) régulières ont eu raison de la majeur partie d’entre eux repoussant de la sorte le nombre de locataires à une petite trentaine.
« Mais où est passé ce petit monde ? »
Bah là c’est sûr, il s’est remis en route et poursuit tranquillement son périple au sein de la Grèce.
De nombreux retours vont en tout cas en ce sens et personne ne semble incommodé par les autorités policières qu’ils croisent sur leur chemin et ce quel que soit l’endroit où ils se trouvent.
Il n’en faut pas plus pour que la famille espagnole et « La vie en marge » se décident pour la première à prendre la route de la Turquie et pour la seconde à repartir sur les routes du Magne et poursuivre leur voyage où elle l’avait arrêté.
Et c’est comme cela qu’au beau matin du 30 novembre, ces deux familles sont passées à la maison pour nous saluer une dernière fois.
« Bonne route à vous tous et profitez ! »
« Et pour ce qui est de nous ? »
Bah, rien n’est encore arrêté car pour dire vrai, peu de possibilités s’offrent à nous et étant déjà à 5 mois du retour, nous ne pouvons pas nous planter sur la destination.
A en regarder le globe, la Grèce est quasiment dans un cul de sac.
C’est-à-dire qu’à son Sud, nous retrouvons la Tunisie, seul territoire ouvert sur le nord de l’Afrique.
De plus, ses autorités imposent une quarantaine de 15 jours obligatoire dans un hôtel et les passages entre provinces deviennent interdits sauf raisons importantes.
Le Nord est fermé hormis la Bulgarie.
De plus, à cette période de l’année, les températures sont beaucoup trop fraiches pour nous qui passons la majeur partie de notre temps à l’extérieur et qu’y n’avons que pour seul chauffage ce que le soleil a décidé de nous octroyer.
A l’Ouest, toutes les régions sises au sud de l’Italie sont littéralement « fermées ».
A l’Est, la Turquie offre un climat tempéré similaire à celui de la Grèce. En fin, ça s’est vrai pour ce qui est de la côte ouest qui s’étend d’ISTANBUL jusqu’à BUDRUM et plus particulièrement du sud.
Mais, afin de faire valoir nos billets d’avion, nous retenons encore l’idée de nous envoler vers des destinations qui nous sont proposées par IBERIA (Amérique du Sud, Espagne, Portugal)
« C’est le flou absolu ! » Tout s’entremêle et on ne vous parle même pas du reste !
Maintenant que toutes les possibilités sont posées sur la table, il ne nous reste plus qu’à en choisir une mais pour ça il nous faut les analyser l’une après l’autre.
Après de longues recherches passées sur internet et des coups de gueule, nous abandonnons très rapidement l’idée de nous exiler quelques temps sur le continent sud-américain car si nous y allons, c’est pour quelques mois et nous ne concevons pas de visiter ces contrées en mode « sac à dos ».
Le rythme scolaire imposé aux filles est beaucoup trop élevé pour ce type de déplacement et savons que pour y palier nous serions dans l’obligation de nous « terrer » dans des logements « airbnb » qui freineront notre progression.
De plus, la location de véhicules de type « 4X4 aménagé » ou
« camping-car » n’est pas légion dans certains pays telle que la Colombie et ne permet pas le passage de certaines frontières.
On ne discute même pas du coût exorbitant de la location !
« Et puis, ce serait un comble de payer si cher un véhicule moins équipé que le nôtre qui resterait remisé, durant tout ce temps, sur une place de parking quelque part en Grèce ! »
« Oublié donc l’idée de l’Amérique du Sud ! »
« Aller en Espagne ou au Portugal via IBERIA depuis la Grèce ? »
« Même pas en rêve !!!!! »
Et pour être parfaitement honnête, nous nous sommes même mis à rêver de la NAMIBIE, de ses contrées sauvages à perte de vue et de sa faune animale mais au prix des billets d’avion, nous continuerons à fouler notre bon vieux sol et à user le caoutchouc des pneus sur le macadam grec ou…. Turque.
Bah oui, n’ayant pas 50.000 endroits où nous diriger, dès la fin de notre location (fixée au 7 décembre), nous reprenons la route malgré les règles imposées par le gouvernement grec.
« Tant pis ! »
A notre tour, nous allons braver les interdits (« qui seront très certainement prolongés jusqu’au 21 décembre ») et retourner tranquillement dans le Magne pour y retrouver Yohan et Annarella qui ont bien pris soin de notre panneau solaire arrivé avec plus de 4 jours de retard sur la date initialement prévue.
De là, nous profiterons encore un peu des températures clémentes que nous offrent le Péloponnèse avant de nous diriger vers le canal de Corinthe, remonter vers la frontière turque pour ensuite redescendre la côte ouest via IZMIR, BUDRUM,… longer la côte sud jusqu’à ANTALYA et une fois que le mercure aura gravi quelques degrés de plus dans le thermomètre (« malheureusement, il ne sera jamais haut »), les pieds gelés et quelques phalanges en moins, nous prendrons la route de la Cappadoce pour y admirer ses paysages pittoresques et les centaines de montgolfières qui s’y envolent quotidiennement dès le retour du bon temps.
Et voilà, vous savez tout de ce qui nous attend dans les prochains mois…
En résumé : « Beaux paysages, froid, pluie, soleil, un peu de chaleur, de moches paysages, de magnifiques paysages,…. Mais surtout et c’est ce que l’on souhaite le plus…. retrouver notre goût de liberté, évacuer toutes les oppressions, les doutes, le désespoir, le stress qui nous ont envahis ces dernières semaines, laisser une énième fois l’Homme et ses multiples disputes,…. Bref… REVIVRE tel que nous le faisions avant ce P…. de confinement ».
Vous savez, ce n’est pas un voyage facile que nous vivons et bien qu’aucun ne le soit vraiment, ce qui est le plus fatiguant et usant à cette période, c’est que tous nos plans ont toujours été mûrement réfléchis pour garantir au mieux une facilité aux enfants (mais plus particulièrement aux filles) qui ont accepté de nous suivre et partager cette merveilleuse parenthèse en famille mais que jusqu’à présent ils ont tous été balayés d’un revers de main et qu’à chaque fois, nous avons dû nous remettre en selle pour tout reconstruire.
Il est clair que cette parenthèse de vie n’est pas celle que nous avions choisie initialement et en est bien loin mais à défaut de nous répéter, soit nous le faisions cette année, soit nous le réalisions avec des membres en moins.
Et pour ne rien cacher, il nous est très souvent difficile de nous endormir le soir sans nous demander de quoi sera fait demain, ce qu’il va encore nous tomber dessus,… et après !
Heureusement que le confinement a eu des périodes bien plus agréables tels que :
- La soirée organisée à la maison en compagnie de la « Lie Family », de
« La vie en marge » et de la « Spanish Family » au cours de laquelle nous avons gouté une carbonade flamande revisitée à la grecque par un wallon et dégustée par des français, suisses et espagnols !
- La fabrication du MONOPOLY personnalisé qui a été élaboré par les filles. Elles qui ont eu l’idée géniale de reprendre les divers endroits de bivouac auxquels nous avons séjournés, modifier la célèbre case « Prison » en case « COVID » et « Hôpital »; inventer de toutes pièces des cartes « CHANCE » ou « CAISSE COMMUNAUTE » ; créer des hôtels et des tentes à partir de morceaux de polystyrène retrouvés sur la plage ; insérer des cases « airbnb » en lieu et place des célèbres gares,….
Bref, elles nous ont réalisé un travail de toute splendeur avec lequel elles n’ont pas tardé de jouer une fois l’ensemble totalement abouti.
- Les séances de YOGA dispensées, tous les jours de la semaine à 9 heures précises, par Elie (maman de la « spanish family ») et auxquelles plus d’une dizaine de personnes s’adonnaient y compris les filles et Delphine (du moins au début pour ce qui concerne cette dernière).
- Les moments café partagés avec Laurent et Sylvie (« La vie en marge ») sous leur arbre penché dont les branches nous protégeaient de tout regard indiscret,
- Des moments « MYTHOS » (bière grecque similaire à la Jupiler) avec Lie, Laurent (une fois de plus) et Yves.
- La dégustation des succulentes pâtisseries confectionnées par toutes les « cheffes Cook » qui ont un four dans leur camping-car ou dans leur habitation en dur (« N’est ce pas Emma ? »)
- Les apéros et gâteaux partagés pour les anniversaires de Nicolas et Delphine (« Merci Sylvie pour ton twix géant »)
- La découverte pour les enfants et Delphine de la délicieuse fêta passée au four et de la « re-découverte » du goût d’un croque-monsieur.
- Les longues heures passées le soir devant les films téléchargés sur « NETFLIX ». Y compris l’apprentissage de l’anglais à Gaby via ce canal.
En effet, pour l’heure ce petit garnement ne regarde plus que ces dessin-animés dans la langue de Shakespeare.
- Le repas « Pizza » pour lequel chaque famille (ou presque) est arrivée avec ses ingrédients et a confectionné ses pizza avant de les mettre en apéro dinatoire lors de la journée d’adieu sous la pluie.
- Les moments de jeux que les enfants de toutes nationalités confondues (allemande, française, belge, polonaise, autrichienne,…) ont partagé ensemble en tentant de se faire comprendre via quelques balbutiement d’anglais, les gestes et tout simplement… le JEU.
- …
Voilà, nous sommes à l’aube du départ et cette fois, nous ne continuons pas le chemin avec la « Lie family ». Cette dernière possédant plus de temps que nous fait choix de patienter encore quelques temps au sein d’Elaia Beach avant de se remettre en route et reparcourir le reste de la Grèce et la Turquie.
Nous les comprenons parfaitement car si nous avions eu le choix, nous aurions opté pour cette voie.
Mais étant hors de question de nous quitter sans partager un dernier repas tous ensemble, nous dégustons un bon plat de spaghetti délicieusement préparé par Nele et achevons le souper en apothéose par de succulents moelleux au chocolat concoctés par Emma.
Une fois de plus, ce moment restera encré indéfiniment dans les esprits de chacun.
« Qui eu cru qu’un flamand et qu’un wallon se rencontreraient si loin de chez eux et partageraient autant de bons moments ? »
« Quel Con….finement ! »
et bravo pour le monopoly très réussi !
bonjour ! merci pour ce long et détaillé journal de confinés en Grèce ! Je comprends votre baisse de moral ... tous ceux qui avaient planifié un voyage au long cours sur 2019 /20/21 voient leurs plans bouleversés . Ici aussi la vie pour beaucoup est difficile ... Si vous aviez besoin d'une bonne adresse en Grèce où vous confiner joignez la famille Guézelle ; ils ont passé pas mal de temps dans une "ferme / communauté " en Grèce au printemps et ont apprécié leur séjour là bas . Je suivais leur chaîne YT mais ils sont peut être sur d'autres réseaux.